Piraterie spatiale

La piraterie spatiale existe dans des limbes conceptuelles : s'il existe un consensus sur le fait qu'on peut bien qualifier certains actes illégaux menés dans l'espace humain de piraterie, il est très difficile d'en donner une définition légale précise. Les codes communaux tendent à définir des notions de délits comme l'appropriation illégale d'une marchandise ou le détournement de vaisseaux, mais ne proposent jamais de définition exacte de la piraterie.
Une chose est certaine : le terrible pirate de l'espace, caché dans son repaire orbital et attendant qu'un vaisseau marchand passe pour l'aborder n'existe que dans les romans de gare. La nature même du translateur rend toute interception particulièrement ardue, et l'apport économique d'une telle forme de piraterie est douteux, surtout quand on le ramène aux risques potentiels (au premiers rangs desquels une intervention militaire d'une superpuissance agacée). Cela n'empêche pas de nombreuses entités politiques ou économiques de se mêler d'affaires illégales dans l'espace que l'on peut, de façon générale, regrouper dans une acceptation générale de piraterie.
Une définition claire de la piraterie spatiale pourrait éventuellement voir le jour en considérant les trois éléments principaux qui sont requis (mais néanmoins non suffisants) pour qu'émerge une telle activité :
- L'existence d'un système stellaire peu ou pas policé, mais doté d'une économie spatiale qui justifie le transport de marchandises à haute valeur ajoutée sur des routes intra et interstellaires.
- L'existence de groupes organisés, voire d'entités politiques possédant à la fois la volonté et les moyens de chercher soit leur subsistance, soit leur suprématie locale par le biais d'attaques sur ledit commerce.
- Une perception largement partagée des groupes en question comme ne possédant pas le droit à l'exercice d'une violence légitime.
On remarquera qu'une telle définition est récursive. Un pirate est d'abord et avant tout défini par le fait que le reste de l'espace humain le considère ainsi. La perception apparaît alors comme l'élément essentiel de la piraterie. Dans les régions instables comme Smyrnia-Silesia ou Tyra, il existe un continuum évident entre les organisations illégales et les proto-états ; beaucoup de pirates smyrniens autoproclamés, comme les fameux Recyleurs de Solovyova, ont peu à peu transformé leur système de racket en véritable réseau de commerce protégé par des flottilles organisées et dotées de moyens techniques conséquent. Les zones touchées par ces entreprises étant également des théâtres de guerre à basse intensité, d'aucuns n'hésitent pas à dire que la piraterie, en réalité, n'existe pas et que nous n'avons affaire qu'à des opérations militaires de petite ampleur. Ce n'est pas dénué de sens : dans l'espace proche d'un monde en guerre, aucun vaisseau-cargo ne peut prétendre à une quelconque neutralité qui en ferait une cible non légitime.
Illustration par Mark Molnar pour Eclipse Phase, distribuée par Posthuman Studios sous une licence Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 3.0 Unported License.