Paracausalité et voyage SLM

Dans son étude séminale du translateur, Rani Spengler établit que trois éléments doivent être considérés lors de l'évaluation d'une potentielle technologie permettant de dépasser la vitesse de la lumière :
- La théorie de la relativité générale.
- La capacité à aller plus vite que la lumière dans le vide.
- La causalité.
Ces trois éléments ne peuvent exister ensemble. Si la relativité générale est vraie et que la causalité fonctionne, le voyage supraluminique ne peut exister. Jusqu'à la découverte du translateur, cette équivalence faisait office de vérité : la relativité générale n'avait jamais été prise en défaut et la causalité, empiriquement, marchait. Le problème immédiat avec lequel nous devons composer est que le translateur fonctionne. Le déplacement supraluminique est possible.
Le paradoxe est patent. Voyager plus vite que la lumière ouvre la voie au voyage dans le passé, quand le vaisseau concerné croise son propre cône de lumière. Comme il n'existe aucun point de référence absolu, le translateur pourrait permettre, techniquement, à un évènement d'advenir avant sa cause. Il bat en brèche le principe de causalité. Là se trouve le creux du problème. La relativité tient toujours, six cents ans après sa découverte par Einstein, mais le voyage supraluminique marche lui aussi, donc -- et Rani le comprit très vite -- la seule solution possible est que le principe de causalité n'est pas respecté. Là est l'essence du translateur, ce n'est pas juste un moteur interstellaire mais un outil qui bat en brèche une des fondations de l'univers.
Ainsi se pose une question : pourquoi le translateur n'a-t-il pas mis le monde sans dessus-dessous ? Pourquoi ne voyons-nous pas des vaisseaux revenir avant d'être partis ? Des messagers postaux envoyant des lettres avant que leurs auteurs ne soient nés ? Des politiciens et des amiraux manipulant la ligne du temps à leur profit ? La réponse semble se trouver dans la nature même du translateur. Bien des navigateurs ayant tenté de l'employer pour modifier la causalité se sont heurtés à une barrière infranchissable. Quand Azches a tenté de prendre en embuscade la Séquence dans un passé proche, une combinaison improbable d'erreurs humaines, de pannes techniques et de contre-attaques ennemies a empêché l'intégralité de sa flotte de sauter. Il est probable que le translateur dispose de la capacité d'altérer le monde autour de lui pour ne pas susciter de paradoxes : ce faisant, il protège sa propre existence.
Cette sécurité n'est toutefois pas parfaite. Des contre-exemples existent. L'Eletharna, un vaisseau-messager sur la ligne Terre-Elora, est connu pour transporter des lettres écrites par des personnes qui ne sont pas encore nées. Sur Mundis, les descendants des premiers arrivants sont capables de voir l'avenir en travaillant sur un translateur. Il arrive parfois que les sondes des explorateurs de la Phalène observent une planète dans un état passé et non présent.
Des failles dans la réalité suivent les sillages de nos vaisseaux.