Pseudonigella Stellaris

La Nigelle Stellaire, ou Pseudonigella stellaris, est la plante à l'origine des cristaux en quatre dimensions employés pour fabriquer des translateurs capables de déplacement supraluminique. Elle dérive de la Nigelle de Damas, ou Nigella damascena, soumise à l'influence du tout premier translateur, découvert par Rani Spengler un siècle et demi auparavant ; bien qu'elle partage une structure commune, elle est classifiée comme une forme de vie à part en raison de sa capacité unique à excréter des lattices quadridimensionnelles.

P. Stellaris se présente sous une forme très semblable à N. damascena : une plante chlorophylienne de 15 à 20 cm de haut possédant des fleurs à cinq pistils et des feuilles d'une grande finesse, arrangées en réseau autour du tronc. A la floraison, au début de l'été terrien, P. Stellaris produit des lattices cristallines, larges de quelques millimètres et présentes à l'envers des pétales, dont ils prennent la couleur bleutée. Presque invisibles en lumière normale, les cristaux apparaissent clairement sous un éclairage ultraviolet ou en soumettant la plante à des vibrations régulières, ce qui les conduit à briller en bleu-violet. Leur nature quadridimensionnelles les rend capables d'interagir avec l'espace en trois dimensions, mais il est impossible à l'esprit humain de saisir leur véritable forme : en effet, les cristaux de P. stellaris sont le patron « déplié » dans la troisième dimension d'une forme qui s'étend dans la quatrième. 

A l'image de sa cousine, P. stellaris est plutôt accommodante en termes de conditions de pousse, mais le jardinier stellaire devra garder à l'esprit que la croissance des cristaux requiert une quantité considérable d'énergie et de nutriments ; P. stellaris est connue pour épuiser rapidement les sols conventionnels en cas de culture intensive. On les cultive ainsi sur des substrats hydroponiques spécifiques. Plante invasive redoutable dans les écosystèmes extraterrestres, P. stellaris est connue pour s'imposer auprès de plantes moins dynamiques et ainsi effectuer un nettoyage par le vide dans son entourage proche. L'inhalation du pollen ou l'ingestion de la plante lors de la floraison n'est pas conseillée, bien qu'il s'agisse d'une pratique courante parmi les navigateurs et les botanistes. Tout contact direct avec les cristaux suscite une impression de légèreté et une déréalisation, durant laquelle le sujet a la sensation de se trouver en plusieurs endroits à la fois.

Un seul plan de Nigelle Stellaire produit entre deux et trois grammes de cristaux par floraison ; le translateur moyen requiert d'en récolter environ un millier. Sur Terre, on cultive principalement P. stellaris dans les fermes hydroponiques de l'Himalaya et des Andes. Il est possible de l'acclimater sur une grande variété de planètes ; P. stellaris adopte des couleurs distinctes selon le spectre lumineux de l'étoile qui lui permet de réaliser la photosynthèse. Ainsi, une naine rouge comme celle d'Ishtar produit des fleurs bronze-bordeaux, tandis qu'une géante bleue comme celle d'Azur en produit des blanches. Le patrimoine génétique de P. stellaris est un secret industriel bien gardé par les superpuissances et ses graines sont aussi précieuses -- et partant, aussi bien protégées -- que les munitions supraluminiques. 

On recense quelques tentatives récentes de faire excréter les cristaux par d'autres plantes ; l'essai le plus récent et le plus prometteur n'est parvenu qu'à produire une redoutable variété de géraniums explosifs. 



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