Guerres Fleuries


Dans la mesure où la guerre spatiale est presque impossible, il faut aux communes humaines une soupape de sécurité pour l'expression de leurs désaccords martiaux : ce sont les Guerres Fleuries.

Cette pratique remonte au Bas-Âge et consiste en un remplacement des conflits industriels à grande échelle par des guerres ritualisées et encadrées par le droit. Contrairement à leurs ancêtres aztèques, les Guerres Fleuries de l'époque moderne se font sans effusion de sang et tiennent plus du spectacle qu'autre chose. Si elles ne résolvent pas directement les conflits, elles permettent une catharsis salutaire.

En termes purement légaux, les Guerres Fleuries sont de véritables conflits, qui distinguent combattants et non-combattants. Envisagée comme le dernier recours avant une confrontation ouverte, une Guerre Fleurie doit satisfaire a minima les éléments suivants :

  • Usage strict d'armes à léthalité réduite.
  • Accord commun sur la restriction du conflit à une zone de combat spécifique.
  • Evacuation totale de la zone sélectionnée et remboursement des dégâts collatéraux.
  • Présence d'une tierce partie neutre, prête à surveiller et interrompre la Guerre Fleurie en cas d'incident

Une Guerre Fleurie peut être conçue comme une complexe pièce de théâtre dont l'instrument sont des armes lourdes. On y retrouve tous les topoï du genre martial, des barouds d'honneur héroïques aux assauts massifs à l'aube. Il s'agit plus d'un match de catch à grande échelle que d'un duel judiciaire. Ainsi, le véhicule de choix pour les Guerres Fleuries est le mécha de combat, souvent bipède voire quadrupède. Spectaculaires et théâtrales, ces machines ont en outre une valeur militaire quasiment nulle, mais une charge symbolique très importante, dans le sens où leur forme permet une forte incarnation des protagonistes d'une Guerre Fleurie. Ces méchas sont équipés d'armes peu dangereuses mais spectaculaires. Leurs pilotes sont tout autant des soldats que des artistes, portant ainsi les couleurs de leurs communes au combat. Ces Pilotes Fleuris sont souvent organisés en communes de mercenaires, qui proposent leurs services aux quatre coins de l'espace humain, bien que certains soient attachés à demeure dans une écurie locale. Les blessures, parfois graves, ne sont pas rares ; quand le décor est martial, la pièce de théâtre peut être dangereuse.

Bien que les Guerres Fleuries soient une tradition très respectée, elles ne sont pas sans critiques. Les superpuissances terriennes ont tendance à y voir un gaspillage de temps et un échec diplomatique patent ; en réalité, elles n'ont pas tort. Les Guerres Fleuries n'ont ni sens ni autorité en tant que telles. Elles ne représentent en somme que la forme la plus évoluée de « violence autorisée » dans l'espace humain, et si une commune souhaite ignorer l'existence ou la conclusion d'une Guerre Fleurie, rien ne l'en empêche. Le fait que ces conflits de théâtre soient malgré tout respectés est une preuve de plus de la solidité et de la stabilité du système communal en vigueur dans l'espace humain.


Illustration : Brigador.


Tout le contenu du blog Starmoth est© Isilanka
Aucune utilisation non autorisée n'est autorisée sans l'autorisation préalable de l'auteur. Vous pouvez les contacter ici