Mars

Type : planète tellurique
Région: espace commun.
Satellites naturels : anneau de débris Phobos-Deimos.
Âge
: 4,53 milliards d'années.
Étoile parente
: classe G, unique.
Gravité
: 0.37 g.
Atmosphère
: 0,3 bars, riche en dioxyde de carbone.
Température moyenne
: 273°K
Climats
: froids arides.
Type d'écosystème
: vie à base de carbone, principalement bactérienne.
Durée de l'année stellaire : 687 jours terrestres.
Durée du jour stellaire : 24 h 37 min.
Type d'établissement humain
: civilisation planétaire.
Âge de l'établissement humain
: 115 ans.
Population : 5 millions.
Allégeance politique
: disputé.
Distance à la Terre : 20 minutes-lumière. 

Ports stellaires : Mémorial Phobos-Deimos, Station de surveillance de la Haute-Flotte, Terminal de Nirgal. 

1 - La banalité du monde

L'histoire pré-Bas-Âge des établissements humain sur Mars est peu claire. L'histoire officielle ne mentionne qu'une unique incursion martienne avant l'effondrement, dans les années 2050, mais des rumeurs persistent quant à l'existence de vestiges de bases permanentes, qui auraient sans doute servi à accueillir des ultra-riches désirant fuir l'apocalypse, sans grand succès. De fait, l'occupation permanente et stable de Mars date des premières années du deuxième âge spatial.

A l'ère du translateur, Mars apparaît comme un monde des plus banals -- une planète tellurique à la limite externe de la zone habitable de son étoile est un objet des plus courants dans le voisinage de la Terre. C'est précisément cette banalité qui rend Mars exceptionnelle à d'autres égards. La planète est remplaçable, elle peut être gâchée, elle peut être l'objet d'une grande expérience environnementale est sociale : la terraformation.

2 - Une chanson en bleu et rouge

La terraformation martienne, en tant que concept théorique, date de l'âge industriel, mais il fallut attendre la fin du Bas-Âge pour que les institutions humaines disposent des moyens de compréhension et planification écosystémiques nécessaires à cette entreprise. De manière singulière, la terraformation n'a pas commencé à l'initiative d'une superpuissance terrienne, mais d'un réseau informel de coopératives connu sous le nom générique de Bleus, en référence à leur rêve initial de voir apparaître un océan sur Mars. L'idéologie Bleue envisage la terraformation comme un acte de transformation de la nature : à la fois enfants de l'âge industriel et du Bas-Âge, les Bleus considèrent une planète sans vie comme de la glaise qu'un potier manipulerait à sa guise, un matériau sans objet and sans forme qu'ils peuvent transformer en œuvre vivante. 

La terraformation est un acte d'une grande violence. Son objectif est de créer un forçage thermique dans l'atmosphère planétaire, et elle emploie à cet effet des moyens qui se rapprochent de ceux d'une guerre nucléaire globale : des explosions et forages relâchent des gigatonnes de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, tandis que les miroirs orbitaux reflètent la lumière du soleil sur les calottes polaires pour les faire fondre et ainsi générer un océan boréal.

Tous n'acceptent pas cette violence. Certains martiens considèrent que la terraformation est une entreprise absurde, un fragment honni de l'hubris industrielle, et qu'une civilisation interstellaire ne devrait pas chercher à adapter les planètes à l'homme, mais l'inverse. Pour eux, l'empreinte titanesque de la terraformation n'est pas justifiée. L'humanité n'a pas le droit de détruire une géologie vieille de quatre milliards d'années.

Ces anti-terraformation sont les Rouges, et se réclament des sables infinis de Mars.

3 - La Longue Guerre de Mars

Mars est en guerre depuis quatre-vingt-dix ans, et semble devoir le rester pour les décennies à venir.

Tout commença avec l'ascenseur orbital. Construit à l'équateur par une puissante commune Bleue, il devait servir à accélérer la terraformation en augmentant radicalement la capacité sol-espace de Mars. La riposte Rouge consista en une double détonation nucléaire à la base et au sommet de l'ascenseur. L'ascenseur s'effondra dans l'atmosphère martienne, faisant le tour de la planète et frappant sa surface comme un gigantesque fouet. Les Bleus répliquèrent en ouvrant le feu sur une ferme de serveurs Rouge, assassinant une dizaine d'intelligences artificielles. Les Rouges abattirent les miroirs orbitaux avec des frappes sol-espace. Quand le vaisseau-cargo Crépuscule, affilié aux Bleus, déclencha son quadrillage laser pour parer à une tentative d'abordage Rouge, une bataille spatiale éclata et s'étendit rapidement à l'intégralité de l'orbite martienne basse. Dix-sept heures après la destruction de l'ascenseur orbital, les deux satellites de Mars, Phobos et Deimos, avaient été réduits à néant. Il fallut l'intervention de la Haute-Flotte pour faire cesser les hostilités.

Temporairement.

Le conflit entre Rouges et Bleus est amer et ne sera pas résolu par des Guerres Fleuries ou des efforts diplomatiques, en partie parce que les deux adversaires ne sont pas des entités politiques constituées, mais des conglomérats flous d'idéologies disparates, dont les soldats ne sont souvent ni humains, ni conscients. Une fois passée la déflagration originelle, la Longue Guerre de Mars s'est transformée en un conflit à basse intensité, mené par des intelligences virtuelles et des algorithmes-zombies. Les cibles sont les installations de terraformation, depuis longtemps automatisées, les miroirs orbitaux et les vaisseaux-cargo, les victimes des serveurs vides, les armes des virus, des drones-kamikaze et bombes nucléaires tactiques. L'échange a depuis longtemps cessé d'être politique : il est philosophique.

Il n'y aura pas d'armistice.

Illustration par Ittiz (Wikimedia Commons, CC-BY-NC 3.0). 

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