La Terre

Type : référence d'habitabilité.
Région: Espace Commun.
Satellites naturels : la Lune.
Âge
: 4,54 milliards d'années.
Étoile parente
: classe G, unique.
Gravité
: 1 g.
Atmosphère
: 1 bar, azote-oxygène.
Température moyenne
: 18°C
Climats
: tropicaux humides à arides froids.
Type d'écosystème
: vie à base de carbone, sixième extinction de masse en cours.
Durée de l'année stellaire : 365,25 jours.
Durée du jour stellaire : 24 heures.
Type d'établissement humain
: civilisation planétaire.
Âge de l'établissement humain
: 300 000 ans.
Population : 4,89 milliards.
Allégeance politique
: condominion Unions Populaires - Laniakea.
Distance à la Terre : point de référence.

Ports Stellaires : Orbitale Nana Buluku, Station Gaia, Terminal de l'ascenseur spatial de Nairobi, Terminal de l'ascenseur spatial de Manille, Chantiers navals de la Haute-Flotte, Laniakea Alpha, Port Cyan.

La première chose que votre corps enregistre est la gravité - elle est plus élevée que ce dont vous avez l'habitude sur votre station de naissance, elle vous attire vers le sol, ralentit chacun de vos gestes jusqu'à ce que votre volonté finisse par forcer vos muscles à se contracter dans cette épaisse mélasse invisible. Puis vous remarquez la chaleur de l'air et la pluie qui sourd depuis les nuages, juste à l'ombre de l'ascenseur spatial de Nairobi. Puis viennent les sons - les discussions murmurées dans des milliers de langues, les couleurs plus diverses, plus chaudes encore que celles des étoiles, les arbres-mondes qui poussent à travers les bâtiments, l'odeur des épices, du bois et des animaux...c'est l'étreinte de la Terre, et vous y marchez comme dans les bras d'une mère distante et épuisée. Vous êtes à la maison.

1 - Le monde blessé

La Terre est une planète déchue. Les cinq siècles du Bas-Âge n'ont pas été suffisants pour réparer les dégâts écosystémiques causés par la mort fracassante de l'ère thermo-industrielle. La concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est toujours bien au-dessus de 600 ppm, et pourrait mettre plusieurs millénaires à redescendre à un niveau pré-industriel. La sixième extinction de masse a emporté près du tiers des espèces animales et végétales. Les microplastiques sont partout, dans l'eau, dans l'air, dans la terre, dans le sang des terriens. La température moyenne atteint +4°C par rapport à l'âge pré-effondrement, et jusqu'à +6°C au-dessus des continents les plus exposés, dont des pans entiers sont devenus inhabitables ; l'héritage de nos ancêtres n'est, à de rares exceptions près, qu'une longue apocalypse.

Avec près de cinq milliards d'habitants, la Terre représente les trois quarts de la population de l'espace humain, et pourtant y vivre signifie accepter une précarité et une instabilité qui n'existe nulle part ailleurs, même dans les paysages glacés de Smyrnia-Silesia. La plupart des régions équatoriales sont si chaudes et humides qu'elles en deviennent impropres à la vie humaine plusieurs mois par an ; les océans sont criblés de zones mortes, où il y a trop peu d'oxygène pour maintenir une vie autre que bactérienne ; les ruines des mégalopoles industrielles jonchent les continents de leurs déchets et de leur béton effrité ; les hypercyclones balayent régulièrement les littoraux avec des vents à plus de cinq cents kilomètres-heure. Même dans les régions les plus sûres, qui sont aussi les plus densément peuplées, la vie humaine est fragile. La Terre est une planète meurtrie

2 - Le monde-univers

Et pourtant -- vivre sur Terre signifie aussi habiter une planète à la diversité sociale et culturelle inégalée. Les cœurs démographiques et technologiques de ce nouveau monde sont l'Afrique et l'Asie du Sud-Est, mais aucune n'a conquis le monde. Les deux superpuissances de la Terre, les Unions Populaires et Laniakea, sont de vastes formations fédérales, qui ne peuvent prétendre effacer les distinctions nationales et encore moins régionales. Ainsi, la Terre abrite une incroyable quantité de cultures, langues et religions qui tranche nettement avec l'uniformité relative des mondes extrasolaires, dont les premiers immigrants tendent à descendre du même groupe de pionniers ; la seule influence commune que reconnaît la Terre est la profondeur abyssale de la préhistoire humaine. Là se trouve la clef de l'identité terrienne. La planète n'est que diversité ; toutes les religions, toutes les cultures, toutes les traditions ont été forgées à son creuset et continueront à l'être pour les siècles des siècles, car la Terre est un organisme culturel vivant, un monde-univers. 

3 - Per Aspera, Ad Astra

La Terre entretient une relation compliquée avec les autres planètes humaines. Si le deuxième âge spatial a bien commencé en Afrique de l'Ouest, dans la conscience populaire l'invention du voyage interstellaire est le fait exclusif des Communes Sélénites. De fait, quitter la Terre a longtemps été une entreprise compliquée, du fait de l'épaisseur de son atmosphère et de la prégnance de sa gravité. Si les ascenseurs spatiaux jumeaux de Manille et de Nairobi permettent désormais d'atteindre l'orbite avec une facilité déconcertante, la plupart des habitants de la Terre ne sont jamais allés dans l'espace, encore moins sur une autre planète, et n'ont aucune envie de le faire. Le monde-mère est peut-être blessé, il a peut-être été malmené par la pire catastrophe climatique de son histoire géologique récente, mais il reste tellement plus pour ses habitants que les colonies extrasolaires. Un voyageur pourrait passer toute sa vie sur la Terre sans parvenir à visiter l'intégralité de ses communautés, de ses pays et de ses cultures ; tel est l'attrait de la planète bleue, tel est le pouvoir qui réside encore dans l'étreinte de cette vieille maison aux murs de boue. 

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