Les envoyés stellaires


Bien que le système communal fasse consensus dans l'espace humain, ce dernier ne possède aucune unité légale ou administrative. Bien que les régions sous le contrôle d'une superpuissance, à l'instar de la Travée, possèdent des administrations centralisées, la galaxie humaine en général est en proie à une anarchie des normes et des coutumes. Le consensus politique moderne ne concerne que le type de gouvernement idéal, non la manière dont ce dernier doit être déployé. Les divergences peuvent parfois être fondamentales ; ainsi, la définition même de la propriété privée n'est pas la même dans la Travée, dans la Bulle Smyrnienne ou dans l'Espace Commun.

Dans un monde où le translateur permet aux personnes, aux marchandises et à l'information de voyager rapidement entre les enclaves humaines du bras d'Orion et au-delà, cette absence d'unité administrative représente un épineux obstacle à l'harmonie et à l'égalité des échanges entre les entités politiques. Une diplomate qui serait dotée d'une protection légale dans l'Espace Commun pourrait voir son statut devenir illégitime sur une planète de la Travée ; un criminel recherché sur Mundis peut tout à fait trouver asile sur Terre ; un cargo transportant des marchandises smyrniennes pourrait se trouver autorisé à commercer sur Mars et arraisonné sur Elora, et ainsi de suite. 

Deux coutumes panhumaines existent pour tenter de permettre des échanges plus harmonieux, même en cas de conflit : les Guerres Fleuries et le recours aux envoyés stellaires.

Un envoyé stellaire est un individu qui possède une ou plusieurs licences données au titre des accords de Samarre, une série de dispositions légales que la quasi-totalité des entités politiques humaines respectent, sous peine d'exclusion sociale de la communauté interstellaire. Ces dispositions permettent aux envoyés stellaires de mener des missions diplomatiques, commerciales voire militaires tout en bénéficiant d'une protection légale valable sur, en théorie, n'importe quel monde humain.

En général, un envoyé stellaire est un fonctionnaire de la commune qui l'emploie, bien qu'un très petit nombre opère en tant que contractuels. La richesse individuelle est très rarement une motivation pour ces individus hautement qualifiés, qui ont des raisons bien plus personnelles de mettre en danger leur intégrité physique et morale pour servir leur commune. Les envoyés stellaires sont souvent recrutés parmi les idéologues convaincus, les aventuriers invétérés...ou, parfois, les criminels qui cherchent l'absolution dans les étoiles. Certains envoyés stellaires voyagent à la tête d'une véritable ambassade officielle ou d'une flottille armée, tandis que d'autres préfèrent l'anonymat le plus complet.

Il existe quatre licences reconnues par les accords de Samarre, correspondant à des missions bien distinctes.

1 - Licence Universelle

La Licence Universelle définit l'envoyé stellaire en tant que citoyen. Elle établit les dispositions légales de son statut et les termes de son contrat. Si un envoyé stellaire possède un vaisseau (ou toute autre propriété personnelle nécessaire à l'accomplissement de sa mission), la Licence Universelle garantit son inaliénabilité, même dans les régimes légaux qui ne reconnaissent pas la propriété individuelle. Cette Licence est acceptée dans l'intégralité de l'espace humain.

2 - Licence Légataire

La deuxième licence la plus commune permet à un envoyé stellaire de représenter officiellement leur entité politique dans toute négociation diplomatique, officielle ou non, et de servir d'intermédiaire ou d'officier de liaison. Contrairement à un diplomate lambda, dont les prérogatives sont fluctuantes selon la région qu'iel traverse, un envoyé stellaire en possession de cette licence ne peut se voir refuser le passage en aucune circonstance, et toute menace ou attaque à son égard peut fournir un prétexte à une Guerre Fleurie. La Licence Légataire est universellement acceptée.

3 - Licence Mercantile

Une Licence Mercantile permet à un envoyé stellaire d'acheter, de vendre et de transporter des biens rares pour le compte de son employeur. Un bien rare est défini par la licence comme un terme générique, qui recouvre artefacts non-humains, espèces autochtones, technologies restreintes et autres oeuvres d'art, qui sont interdites au commerce dans la plupart des juridictions. Un envoyé stellaire de possède jamais les biens qu'iel transporte, ces derniers restant sous la propriété de son employeur. La Licence Mercantile n'est pas acceptée par tous les mondes : Mundis en particulier est connue pour traiter ses dépositaires comme de vulgaires contrebandiers, malgré son adhésion aux accords de Samarre.

4 - Licence de Représailles

Quand une guerre fleurie s'avère insuffisante pour solder une dispute inter-communes, les parties lésées peuvent, d'un commun accord, employer des envoyés stellaire pour mener des actions violentes et limitées devant jouer un rôle de catharsis pour éviter une guerre ouverte. Ces actions se placent sous la protection d'une Licence de Représailles. Cette dernière permet de considérer l'envoyé stellaire comme un soldat et non un criminel de droit commun dans l'exécution de ses missions de sabotage ou d'espionnage ; en cas d'arrestation, iel est alors jugé comme un prisonnier de guerre, ce qui garantit généralement sa libération dans les plus brefs délais. Très controversée, cette licence n'est guère reconnue que dans la Bulle Smyrnienne.

Illustration par Lie Setiawan pour Eclipse Phase, diffusée par Posthuman Studios sous les termes suivants : Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 3.0 Unported License.

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