Croiseur Citadelle

Type : Plateforme de supériorité spatiale.
Fabricant : chantiers navals des Unions Populaires.
Statut légal des plans : licence diplomatique.
Propulsion : moteur à fusion nucléaire.
Capacité supraluminique : oui.
Armement : quadrillage laser militaire, laser d'artillerie à longue portée, 60 à 75 silos de missiles.
Longueur : 650 mètres.
Charge utile : jusqu'à 10 000 tonnes.
Équipage : jusqu'à 150 spationautes.
Une seule chose sépare l'humanité des myriades d'empires qui désormais recouvrent la galaxie de leurs ruines : nous avons appris à lâcher prise. La leçon que nous avons tiré des six siècles du Bas-Âge est l'humilité. L'humanité a abandonné ses rêves d'empire, de contrôle et d'expansion. Nous ne serons jamais aussi puissants que la Séquence, et cette faiblesse est un choix délibéré. Nos vaisseaux reflètent cette éthique. La plupart sont des cargos et des explorateurs, pas des conquérants et des colonisateurs. Les engins de combat sont rares, l'essentiel de nos flottes fait de Lucioles -- un design vieux d'un siècle, conçu pour des embuscades et des escarmouches, pour des guerres sans conséquence.
Le croiseur Citadelle est l'exception à cette règle. S'il existe des centaines de Lucioles, les Citadelles n'ont été assemblées qu'à quelques exemplaires, de manière presque artisanale, comme les fusées du programme Apollo ; pourtant, si les Lucioles sont faites pour gagner des batailles, les Citadelles ont pour fonction de gagner des guerres. Quand la vénérable Luciole mesure 150 mètres de long, la puissante Citadelle fait plus d'un demi-kilomètre, ce qui en fait la troisième plus grande classe de vaisseau en service. La Citadelle n'est pas conçue seulement pour combattre dans l'espace, mais pour le contrôler.
Un puissant quadrillage laser permet à une Citadelle de créer un halo défensif quasi-impénétrable qui couvre l'intégralité de la bulle d'exclusion de son translateur ; quand un essaim de missiles entre dans ce périmètre, la rapide désintégration des projectiles forme l'illusion d'un bouclier énergétique, comme dans les vieilles histoires de science-fiction, alors que le vaisseau s'entoure d'une constellation d'éclats dorés. Une unique Citadelle peut protéger une flotte entière, lui donnant ainsi un point d'ancrage défensif dans l'espace ; deux Citadelles qui superposeraient leurs quadrillages lasers deviendraient quasi-invulnérables aux attaques de saturation.
Ce qui élève une Citadelle au rang d'atout stratégique est cependant son armement offensif : bien que tous les vaisseaux militaires emploient des lasers défensifs, les Citadelles sont les seuls à employer une véritable artillerie laser, capable de frapper à très longue portée. La centrale nucléaire d'une Citadelle alimente une batterie de lasers pulsés capables de désintégrer plusieurs mètres de blindage par seconde à près de cinquante mille kilomètres ; les tirs se déplaçant à la vitesse de la lumière, la cible a rarement le temps d'effectuer une translation défensive. Quand elle est employée dans un rôle d'attaque, une Citadelle peut tenir tout un hémisphère sous son feu ; deux d'entre elles, positionnées chacune au-dessus d'un pôle, sont en mesure de boucler une planète entière.
Tout cela, toutefois, est entièrement théorique.
Même les superpuissances de la Terre ne peuvent déployer qu'une poignée de Citadelles et se hasardent rarement à les risquer au combat -- si toutefois elles s'engageaient dans des guerres nécessitant un tel déploiement de force, ce qui n'a pas été le cas depuis la fin de l'âge interplanétaire. Mais cela n'a pas grande importance. Les Citadelles ne sont pas censées combattre. Elles sont faites pour être gardées en réserve sur des orbites vides, lames dirigées vers les étoiles, silencieuses mais diligemment entretenues. La promesse des Citadelles est blasphématoire à l'âge interstellaire, car elle exprime une volonté de contrôle, dans sa forme la plus pure, l'élimination de l'autre, sa destruction technique et biologique. Ce n'est pas un discours que le monde peut encore entendre ; mais l'aspiration subsiste, exprimée par la seule existence de cette classe de vaisseaux.
[Addendum : Citadelles actuellement en service]
Il existe actuellement 8 Citadelles en service dans l'espace humain.
Unions Populaires : En Ton Coeur Brûlera // Le Parlement du Peuple // Braises de la Révolution (en construction)
Laniakea : Objet 001 // Objet 002 // Objet 003 (en construction).
Communes Sélénites : L'Antique Coeur de la Machine
Ecoumène Elorain : Harmonie de la Matière (en construction)
Algorab : Ici Repose l'Abysse (reconstruit pour lutter contre la Séquence).
Illustration par Lilly Harper pour Starmoth. Elle écrit de la science fiction de très grande qualité sur son blog Beacons in the Dark.
Remorqueur Diligence

Type : Vaisseau multirôle ultra-léger.
Fabricant : multiples.
Statut légal des plans : domaine public.
Mode de propulsion : moteur à micro-ondes.
Capacité supraluminique : aucune.
Longueur : 20 mètres.
Charge utile : 20 à 50 tonnes.
Équipage : jusqu'à 5, généralement aucun.
On l'oublie souvent, mais l'eau, sous forme de glace, est la molécule la plus abondante dans l'espace. Pourquoi ne pas fabriquer un vaisseau intégralement en glace d'eau ? Après tout, cette matière est déjà employée pour protéger les coques des radiations, pourquoi pas en faire l'intégralité de la machine ? Voilà exactement la raison d'être de la Diligence.
Le Remorqueur Diligence est l'une des machines les plus simples, voire simplistes, sur laquelle une commune spatiale peut mettre la main. C'est l'idéal platonique d'un vaisseau spatial : un moteur, quelques modules de manœuvre, une cabine gonflable et un réservoir. La superstructure est constituée de glace d'astéroïde, les moteurs utilisent de l'eau comme masse de réaction et la coque extérieure est faite de composés à fonte lente comme le pykrete. De manière tout à fait littérale, la Diligence est faite d'eau.
Cette simplicité, bien sûr, a un prix. La Diligence est tellement lente que son accélération est mesurée en unités d'escargots, elle ne peut trop s'approcher d'une étoile sous peine de fondre, et la cabine est aussi confortable qu'une tente de camping -- mais au fond, rien de cela n'a beaucoup d'importance. La Diligence n'est pas conçue pour voyager ou mener des opérations complexes. C'est un chariot élévateur cosmique, employé dans des tâches simples qui demandent très peu de capital économique et humain, au premier rangs desquelles le minage spatial où les Diligences servent à capturer des astéroïdes, déployer des drones et ramener la matière première jusqu'à une station de traitement. On les apprécie également dans les zones d'amarrage des ports orbitaux, où elles servent à remorquer de plus gros engins. Il n'est pas rare que les Transporteurs Augure gardent une flottille de Diligences pour assister les amarrages de leurs hôtes : on leur donne le surnom de « gnomes ».
Il existe même une scène sportive pour les aficionados des Diligences : le Grand Tour d'Elora, une course réservées aux petits vaisseaux faits d'eau, qui évoluent sur un circuit entre les lunes de la géante gazeuse du système tout en se livrant à des battles de rap par laser-Morse interposé.
llustration par Maciej Rebisz for Eclipse Phase, distribuée par Posthuman Studios sous une licence Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 3.0 Unported.
Messager Simorgh

Type : Vaisseau de transport léger
Fabricant : Aqualonde.
Statut légal des plans : open-source.
Propulsion : Moteur à micro-ondes.
Capacité supraluminique : oui.
Armement : non, mais la baie d'emport peut accueillir des missiles supraluminiques.
Longueur : 40 mètres.
Chargement : 500 tonnes.
Équipage : de 3 à 6.
Le Simorgh est un vaisseau de transport léger manufacturé par Aqualonde, une coopérative basée sur Elora. Bien qu'il ait été en développement pendant près de trente ans, le Simorgh est entré sur le marché il y a quelques années à peine.
La plupart des vaisseaux-messagers (pièces maîtresses de l'économie interstellaire) sont des engins lourds et puissants, équipés de moteurs à fusion ou fission nucléaire, qui leur permettent d'effectuer des translations à très longue portée ; peu d'entre eux sont assez légers et économiques pour être employés dans un rôle interplanétaire, et c'est exactement la niche qu'occupe le Simorgh. De la taille d'une corvette, cette petite machine est conçue pour transporter des chargements précieux -- typiquement des lettres manuscrites -- dans la coque la plus compacte possible. Très vivable, doté de cabines confortables, le Simorgh économise la place là où personne n'ose le faire : dans le compartiment moteurs.
Le Simorgh est l'un des rares vaisseaux interstellaires à ne pas employer de propulsion nucléaire. Il a recourt à un moteur non-conventionnel à micro-ondes, qui produit une poussée en exploitant l'énergie délivrée par des batteries superconductrices, tandis qu'un moteur fusée à azote métastable est employé pour les décollages et atterrissages verticaux. Bien qu'il ne gagnera jamais aucune course, le Simorgh reste adéquat pour la plupart des translations à courte portée. L'absence d'une armure anti-radiations ainsi que des interférences causées par la présence d'une centrale nucléaire sur le translateur permettent au Simorgh d'enchaîner les sauts -- certains ingénieurs le considèrent d'ailleurs comme un « pur » vaisseau interstellaire, dont le moteur standard n'est qu'un auxiliaire au translateur.
Vaisseau illustré par Valahor.
Piquet Rapide Almaz

Type : Vaisseau rapide semi-improvisé.
Fabricant : Communes anonymes et autres domaines pirates.
Statut légal des plans : Domaine public.
Mode de propulsion : moteur à fusion deutérium-tritium.
Armement : variable, généralement cinétique.
Capacité supraluminique : Oui (en théorie).
Longueur : 70 mètres.
Charge utile : jusqu'à 1000 tonnes.
Équipage : 5-10.
Passagers : jusqu'à 20.
L'Almaz existe. Je n'ai rien de plus aimable à dire dessus.
-- Ingénieur anonyme.
Mettons que vous ayiez besoin d'aller très vite. Si vous êtes une personne raisonnable, vous allez sans doute essayer de mettre la main sur une Luciole de course ou peut-être un Inyanga doté d'un moteur à fusion. Bien sûr, ces deux options sont bonnes pour les lâches, ou pire, les Terriens. Si vous êtes un vrai spationaute qui n'a pas besoin qu'on lui explique la vie (et que vous êtes suffisament alcoolisé), vous allez naturellement choisir le Piquet Rapide Almaz.
Cet engin n'est pas exactement un vaisseau. Il serait plus juste d'y voir un million de pièces volant en formation, construit à partir d'un fond de poubelle. Bien sûr, la construction d'équipement spatial à partir de matériau recyclé est une tradition très vivace dans l'espace humain, mais le piquet Almaz est, à la connaissance de l'auteur de ces lignes, le seul vaisseau produit par une économie circulaire à être équipé d'un moteur à fusion nucléaire.
On ne peut pas enlever à l'Almaz sa principale qualité : la bestiole est rapide. Très rapide. Un rapport poids-puissance très favorable (et peu étonnant pour une poubelle spatiale) lui confère un delta-v supérieur aux meilleures machines de course, et lui permet également de mener des manœuvres supraluminiques surprenantes d'agilité, car il peut ajuster sa vélocité relative en un rien de temps et ainsi effectuer des changements de cap radicaux. Ses dissipateurs thermiques étant généralement en bon état (s'il y a bien une pièce sur laquelle même le plus fauché des pirates hésite à économiser, c'est bien celle-ci), l'Almaz peut également maintenir sa poussée jusqu'à épuisement complet de sa masse de réaction, ce qui là aussi n'est pas donné à tous les vaisseaux.
Le reste de l'engin n'est toutefois pas à la hauteur de cette promesse de vélocité. L'Almaz est piloté avec d'antiques commandes électriques héritées des premiers âges de l'aviation terrestre, ses dissipateurs thermiques doivent être rétractés à la main avec une poulie, les propulseurs de manœuvre sont notoirement anémiques, les cabines comme le cockpit sont plus que spartiates et je n'ai rien de charitable à dire sur les détecteurs de bord. Mais au moins, cette épave va vite !
Naturellement, les principaux utilisateurs de l'Almaz sont les messagers et les postiers, l'une des rares professions civiles acceptant volontiers d'échanger le confort contre la vitesse. Il est également employé par une variété de pirates, communes mercenaires et autres combattants irréguliers dans la Bulle de Smyrnia, où on l'équipe de canons électromagnétiques et de roquettes pour en faire un intercepteur léger. L'efficacité militaire du résultat est...douteuse, à tout le moins. Bien qu'il reste très agile, l'Almaz militarisé est incapable de se mesurer à un véritable engin de guerre. Il reste toutefois adéquat dans un rôle de soutien, ou contre des vaisseaux de même type.
Illustration pour Starmoth par Lilly Harper, qui écrit sa propre science-fiction sur le blog Beacons in the Dark.
Transporteur Migrant

Type : Vaisseau de colonisation.
Fabricant : La Phalène
Statut légal des plans : Domaine public.
Mode de propulsion : moteur à fusion deutérium-tritium.
Armement : Aucun.
Capacité supraluminique : Oui.
Longueur : 800 mètres.
Charge utile : Jusqu'à 300 000 tonnes.
Équipage : Jusqu'à 2000 personnes.
Il est courant de comparer les Migrants à des arches de Noé pour l'âge interstellaire, mais cette comparaison n'est pas seulement fausse, elle représente un honteux contresens. L'humanité ne colonise pas de nouveaux mondes parce qu'elle le doit, mais parce qu'elle le peut. L'expansion spatiale n'est pas une tentative désespérée de donner une Terre bis à une espèce déclinante, mais un projet de longue haleine, qui vise à faire des enfants du soleil une société mutiplanétaire, à la fois habitante et exploratrice des écosystèmes outre-terrestre.
Longs de plus de huit cents mètres, les Migrants comptent parmi les plus grands vaisseaux interstellaires (même si un Migrant tiendrait à l'aise dans un Transporteur Augure) et transportent jusqu'à deux mille personnes. Si ce nombre peut paraître faible, c'est qu'en réalité le rôle d'un Migrant est d'étudier et de préparer une planète pour une éventuelle installation humaine ; il se place nécessairement en amont de la première vague de colonisation. L'équipage des Migrants est ainsi composé de scientifiques, d'artistes et d'ingénieurs, avec un important contingent de géographes et de biologistes. Ces passagers voyagent éveillés et dans des conditions comparables à celles d'une station spatiale bien équipée, l'emploi de techniques d'hibernation restant exceptionnel.
Le design des Migrants met l'accent sur la redondance, avec de nombreux systèmes vitaux présents en double voire en triple, y compris le translateur. L'équipage est protégé par plusieurs couches d'eau et de blindage ablatif, tandis que les réserves contiennent suffisamment de nourriture et de médicaments pour des durées d'expédition mesurées en décennies. La taille du vaisseau permet la présence de deux anneaux d'habitation qui produisent une gravité centrifuge, plus confortable et moins dangereuse pour la santé que l'apesanteur. Il n'est pas excessif de dire que les Migrants comptent parmi les vaisseaux les plus résilients de l'espace humain, et, même s'ils opèrent toujours loin des secours, jamais un seul Migrant n'a été perdu en service. De manière intéressante, cette aspiration à une inscription dans la durée se transfère aux équipages, qui sont souvent organisés sous la forme d'une commune indépendante dotée d'une autonomie politique.
On distinguera trois rôles qui attendent un Migrant lors de son expédition. Le premier est de faire office de vaisseau de transport en espace profond, déplaçant son équipage, sa biosphère et son infrastructure sur plusieurs milliers d'années-lumière jusqu'à la destination ; dans ce rôle, le Migrant peut être escorté par un ou plusieurs Inyangas. Une fois la planète à coloniser atteinte, le Migrant s'installe en orbite et devient une station spatiale mobile, qui sert à la fois d'avant-poste scientifique, de plateforme de télédétection et d'habitat semi-permanent. Enfin, si la planète est jugée adéquate pour une colonisation, la section de proue du Migrant est séparée de la section de propulsion et effectue un atterrissage dans une zone plate où elle sera convertie en une infrastructure terrestre combinant immeubles, jardins et usine rudimentaire. Le reste du vaisseau peut alors soit rester en orbite, soit repartir à son point de départ et être équipé d'une nouvelle proue. Il n'est pas rare d'effectuer ainsi plusieurs rotations pour établir une première ville.
Ce profil de mission fait qu'un Migrant prend rarement part à plus d'une tentative de colonisation, bien qu'il existe quelques exceptions notables. Ainsi, le Migrant de troisième génération Hypothèse Gaïa a participé successivement à l'installation humaine sur Smyrnia, Concorde, Masan et Azur.
On remarquera que sur les plus vieilles colonies existe une tradition consistant à transformer la section de proue du Migrant originel en monument commémoratif. C'est le cas sur Elora, où le Migrant Voyons Ce Que Nous Avons Là fut transformé en un dôme à la mémoire des premiers découvreurs de la planète, aujourd'hui installé au milieu de la place de Yalta, dans la ville de Saraswati.
Illustration par Maciej Rebisz pour Eclipse Phase, diffusée par Posthuman Studios sous les termes suivants : Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 4.0 License.