Hindouisme Elorain

Une prêtresse de l'arcologie de Saraswati, sur Elora. On notera le symbole delta-v tatoué sur son front, reçu lors d'une cérémonie de baptême menée dans le sillage incandescent d'un moteur à fusion nucléaire.

L'hindouisme elorain s'est développé sur la planète éponyme à la suite de sa colonisation, il y a soixante ans. Avec deux cents millions d'adeptes, il représente l'une des principales fois de l'âge interstellaire, et la plus développée de la Travée. A l'image de son cousin terrien, l'hindouisme Elorain est une religion très éclectique, dont les traditions sont parfois contradictoires entre elles. Bien qu'il trouve son origine dans les premiers colons indiens de la Travée, l'hindouisme elorain a très tôt évolué en un culte syncrétique, prenant en compte des influences yoruba, yézidi, musulmanes, sikhes et même chrétiennes. Il ne s'agit toutefois pas d'une simple collection de rituels disparates : soixante ans d'évolution ont conduit à une organisation et une mise en cohérence des pratiques, conduisant à l'émergence d'un fort sentiment d'identité religieuse, forgé par un rapport unique à l'histoire et à la géographie d'Elora. 

L'hindouisme elorain refuse fermement le système de castes, et en ce sens peut être considéré comme non-védique (c'est à dire hérétique ou divergent) par les courants les plus orthodoxes de l'hindouisme terrien. Profondément influencé par l'idéologie syndicaliste-environnementaliste de l'écoumène elorainl'hindouisme elorain place l'accent sur la relation du croyant à sa biosphèreLes hindous elorains sont ainsi strictement végétariens, et considère la mise en harmonie avec la biosphère (induisant une forme de panthéisme naturel) comme faisant partie des vertus dharmiques. L'étude et la contemplation des écosystèmes complexes sont vues comme l'une des formes les plus nobles de kama (quête du plaisir, de la beauté dans la vie du croyant) tandis que la libération du samsara est conçue comme une union avec le monde naturel.

Il ne faut toutefois pas oublier que l'hindouisme elorain reste une religion très incarnée. Sa principale divinité est Saraswati, conçue comme la déesse de la connaissance, de la science et de la compréhension. Au centre de son culte se trouve le concept de delta-v, envisagé non pas seulement comme une notion scientifique mais comme une expression d'une impulsion primordiale, souvent associée au dhi, c'est-à-dire à l'intuition divine qui met en mouvement civilisations comme individus.

Sur Elora, Saraswati est ainsi connue sous de nombreux noms. Elle est la Mère de l'Impulsion, vénérée dans le sillage des moteurs à fusion nucléaire. Elle est la Machine de la Tempête, sereine au creux des ouragans elorains. Elle est la Lame d'Azur, la mère du translateur, l'ouvreuse des plis du monde. Son plus grand temple est l'arcologie de Saraswati, le plus haut temple du monde, culminant à cinq kilomètres au-dessus de l'océan, conçu pour traverser les cyclones comme une épée dans l'eau. Ses hymnes célèbrent le départ des vaisseaux interstellaires et le retour des voyageurs, tandis que ses symboles secrets ornent les fonderies orbitales comme les chemins secrets. Beaucoup de divinités mineures sont conçues comme des avatars de Saraswati ; la plus notable est le Grand Paon, issu du syncrétisme yézidi. Ses ailes sont comme les dissipateurs thermiques d'un vaisseau nucléaire, reflétant les âmes humaines dans le grand vide et les conduisant à travers les cycles des réincarnations.

Illustration pour Starmoth par Tiucoo.

Islam Interstellaire


Cette imame de la branche Eloraine de l'islam interstellaire porte une abaya traditionnelle d'origine terrienne. On notera les boucles d'oreille faite à partir de fragments de translateur.

L'islam interstellaire, parfois qualifié de « troisième branch de l'islam » est un courant spirituel qui a émergé parmi les musulmans non-terriens de la Travée. Avec plus de deux cent millions d'adeptes, l'islam interstellaire est l'une des religions majeures de l'époque moderne, bien que son isolement théologique soit bien moindre que celui de l'Outre-Eglise. De fait, et en-dehors de quelques désaccords majeurs, les musulmans extrasolaires considèrent leurs homologues terriens comme des adelphes devant dieu, et vice-versa.

Un chemin à part

La nature décentralisée de l'islam ainsi que l'isolation relative des premières colonies extrasolaires a conduit à des divergences doctrinales et politiques notables entre musulmans terriens et musulmans interstellaires. L'élargissement progressif de cette divergence a mené à l'émergence d'un ensemble de pratiques qui, par convention, sont regroupées sous l'appellation générique d'islam interstellaire. Il ne s'agit toutefois pas d'une courant unitaire, et il est plus juste de considérer l'islam interstellaire comme étant une constellation de branches quasi-indépendantes, possédant leurs propres interprétation du Coran et des Hadiths. On peut toutefois définir l'Islam interstellaire en creux, par ce qu'il n'est pas, c'est-à-dire sunnite ou chiite. En effet, les musulmans extrasolaires ne reconnaissent pas la légitimité des autorités religieuses terrestres, pas plus que celle des mots intransformés, c'est-à-dire des interprétations du Coran qui n'ont pas subi la radicale transformation qu'est le passage du terrestre à l'outre-terrestre.

La transformation, c'est-à-dire la transposition de la foi dans l'environnement physique et mental des mondes extrasolaires, est la notion centrale de l'islam interstellaire. De toutes les divergences extrasolaire, l'islam interstellaire est celle qui met le plus l'accent sur l'existence d'une barrière incompressible entre la Terre et le reste des mondes humains. 

Les Six Piliers de l'islam

Malgré sa désunion idéologique, l'islam interstellaire adhère à la doctrine des six piliers, qui s'inspire des traditions chiites, sunnites et soufi. Les six piliers ne sont observés dans leur intégralité que sur Elora, tandis que les autres communautés musulmanes ont tendance à n'en respecter qu'une partie. 

  1. Le premier pilier est la Shahada, la profession de foi musulmane que celle qui a cours sur Terre : « je témoigne qu'il n'y a pas de divinité en-dehors de Dieu et que Mahomet est sont messager. » Il n'est pas rare que des vaisseaux musulmans la portent sur leur coque. La récitation de la Shahada en arabe étant la seule étape nécessaire à la conversion, il est théoriquement possible pour une créature non-humaine de le faire. 
  2. Le second pilier est la Salah, la prière. Elle commence par des ablutions et annoncée par un muezzin. Le fidèle n'est pas dans l'obligation de faire face à la Mecque, ce qui est de toute manière impossible ailleurs que sur Terre ; c'est souvent le pôle sud magnétique de la planète concernée qui sert à orienter la prière. La fréquence de prière est réduite à deux fois par jour solaire.
  3. Le troisième pilier est le Zakat, la charité. Dans le cadre de l'économie socialisée des mondes extrasolaires, la charité passe avant tout par le travail communautaire d'intérêt général ; de nombreuses associations humanitaires et caritatives musulmanes existent ainsi dans l'espace humain pour permettre aux fidèles d'exercer leur devoir de charité. 
  4. Le quatrième pilier est le Sawm, le jeûne, pratiqué durant le mois de Ramadan. Originellement aligné sur le Ramadan terrestre, ce mois est aujourd'hui différent sur chaque planète ou station spatiale. Le fidèle n'est tenu de jeûner qu'une fois par année civile, et ainsi un voyageur arrivant sur une planète en plein Ramadan n'est pas obligé de participer au jeûne s'iel l'a déjà fait récemment.
  5. Le cinquième pilier est le Hajj, le pèlerinage, qui représente un point de distinction significatif, car la plupart des musulmans interstellaires ne peuvent ou ne veulent faire le trajet jusqu'à la Mecque. Certaines branches de l'islam interstellaire abandonnent le pèlerinage entièrement, tandis que d'autres l'organisent en direction du centre spirituel extrasolaire, la station Darb ut-Tabanah dans le système d'Elora. Les musulmans de Smyrnia-Silesia, suivant les enseignements des traditions ismaili, considèrent que le seul Hajj qui tienne est la visite à l'imam. 
  6. Le sixième pilier, unique à l'islam interstellaire est le voyage spatial. Les musulmans extrasolaires considère que le translateur est un cadeau de Dieu, et le voyage supraluminique à la fois une manière de contempler la toute-puissance divine et d'affûter son corps et son âme en une forme de jihad par le déplacement. Il est courant de voir un translateur installé dans le mirhab des mosquées et bien des imams travaillent en tant que navigateurs.

Illustration pour Starmoth par Tiucoo.

L'Outre-Église

Cette pasteure de l'Outre-Église porte le violet, couleur de l'amour et de la majesté, ainsi que le col romain emprunté aux traditions catholiques. Le point blanc sur son front signifie qu'elle est mariée selon le rite Elorain. 

L'Outre-Église, parfois dénommée Église des Outres-Étoiles, est une branche de la Chrétienté apparue durant le Bas-Âge et devenue une religion majeure durant l'ère interstellaire. Bien qu'il s'agisse à l'origine d'une simple parente de l'Église catholique, l'Outre-Église a tellement divergé en termes doctrinaux et cultuels que la plupart des théologiens la considèrent désormais comme hors du monothéisme chrétien en général. Avec plus de 200 millions de croyants, l'Outre-Église est l'une des plus importantes religions interstellaires et se trouve particulièrement bien représentée dans le voisinage du Soleil.

Trithéisme

L'élément le plus prégnant de la théologie de l'Outre-Église est son refus de la Trinité. Elle considère le consensus du Concile de Nicée comme nul et non avenu ; ainsi, elle n'accepte pas l'idée d'un Dieu existant sous la forme de trois personnes divines, égales, éternelles et consubstantielles. Contrairement à d'autres formes historiques d'antritrinitarisme qui reposent sur la négation de la nature divine de Jésus Christ (comme l'arianisme) ou sur la conception de Dieu comme pleinement unique (comme le modalisme), cette négation de la Trinité est radicale. L'Outre-Égliseconsidère en effet qu'il existe trois divinités toutes-puissantes, égales mais distinctes : le Parent, l'Enfant et le Verbe, qui possèdent tous un pronom neutre. Ainsi, le crédo de l'Outre-Église est le trithéisme, qui nie le monothéisme chrétien.

L'origine exacte de cette doctrine est peu claire, même pour les historiens spécialisés. Bien que le Bas-Âge ait été une période de résurgence spirituelle, marquée par le retour de certains cultes anciens, aucune secte chrétienne historique n'a jamais formellement défendu un trithéisme aussi radical. Cette notion même a généralement été employée comme une accusation et non un credo revendiqué. Les critiques de l'Outre-Église considère l'émergence de ce trithéisme comme une conséquence de la perte de savoir théologique durant l'effondrement et de multiples relectures hasardeuses de la Bible. L'Outre-Église défend son trithéisme sur la base d'une pensée nominaliste (i.e voulant que les concepts n'existent pas concrètement) : le Parent et le Verbe (i.e le Saint-Esprit) doivent obligatoirement être deux entités différentes et réelles, sinon, en tant que simples concepts, ils devraient s'incarner tous deux dans l'Enfant, ce qui n'est pas le cas. En ce sens, l'Outre-Église tient un raisonnement qui n'est pas sans rappeler c<en partie celui de Roscelin de Compiègne, bien que la référence soit probablement inconsciente.

Les autorités catholiques en particulier considèrent que l'Outre-Église, en niant la Trinité, est de facto hérétique et hors de la communauté des croyants chrétiens, mais la réciproque n'est pas vraie.

Saints stellaires, pasteurs élus, sacrement unique et salut intrinsèque

L'Outre-Église refuse le culte des saints humains, le considérant comme une forme d’idolâtrie. Toutefois, elle encourage et codifie une forme de « sanctification stellaire », où divers objets astronomiques sont tenus pour des incarnations des valeurs de l'Outre-Église. Ces saints stellaires sont censés faire office d'intermédiaire pour la prière, constituant ainsi une ancre théologique pour le fidèle -- et non, comme le font à tort valoir certains catholiques, un objet de culte en tant que tel. Les étoiles sont des preuves de l'existence de Dieu par l'ordonnancement du monde et sa beauté naturelle. L'Outre-Église s'intéresse particulièrement aux trous noirs et autres étoiles à neutrons, supports de réflexions eschatologiques et lieux de pèlerinage très prisés. Son site le plus sacré est ainsi l'abbaye de Sainte Madeleine, qui orbite autour de Sagittarius A*, le trou noir au centre de la Voie Lactée.

L'Outre-Église n'a pas de hiérarchie constituée ; ses pasteurs sont élus par les communautés de croyants (généralement à l'échelle d'une paroisse) et le canon théologique est établi lors de conciles qui sont levés à la suite de référendums de prêtres. Ce mode d'organisation rend l'Outre-Église très dynamique, et il n'est pas rare de voir des communautés données s'en rapprocher ou s'en éloigner au fil de l'évolution de la théologie outréane.

Les pasteurs conduisent la prière dans la langue locale et ne pratiquent qu'un seul sacrement, la Communion, qui est conduite avec du pain sans levain et de l'eau lourde. Les outréans considèrent la Communion comme n'étant rien de plus qu'une recréation symbolique du dernier repas du Christ, sans réelle présence de l'Enfant. La doctrine outréane considère par ailleurs que le salut est inhérent à toutes les créatures pensantes, et ainsi les pasteurs ne pratiquent pas de baptême ; ils jugent en outre que toute intelligence peut embrasser la foi outréane, y compris des membres de la Séquence, des Voyageurs Oubliés ou des Vriij.


Illustration pour Starmoth parTiucoo.

Religions interstellaires


Le Bas-Âge a été marqué par une redéfinition partielle du paysage religieux humain, soit par la reformation de certaines religions, soit par l'émergence de nouvelles. La plupart de ces évolutions ont été transmises à l'ère interstellaire, où la spiritualité joue un rôle crucial. Cinq religions principales se partagent l'espace humain.

Le syncrétisme Yoruba est considéré par d'aucuns comme la seule religion à être véritablement née au Bas-Âge, bien que le polythéisme nigérian sur lequel il s'appuie soit pratiqué depuis des millénairesUn intense syncrétisme de ce polythéisme avec une variété de traditions musulmanes, chrétiennes et hindouiste, tout à fait similaire à celui de l'époque coloniale, a ainsi donné naissance à une religion complexe et multipolaire fondée autour de la vénération d'une multitude de dieux, ou Orishas, placés sous l'égide d'un créateur unique, parfois assimilé au dieu chrétien, musulman ou juif. L'essor géopolitique du Nigéria durant le Bas-Âge tardif a fait du syncrétisme Yoruba la religion phare du deuxième âge spatial, ce qui l'a conduit à essaimer sur de nombreux mondes extrasolaires. Le syncrétisme Yoruba compte actuellement plus de 670 millions de fidèles.

Le christianisme reste une religion majeure, bien que surtout pratiquée sur Terre. La planète est ainsi un lieu de pèlerinage très important pour les catholiques en particulier. Un schisme majeur a mené à l'émergence d'une branche extrasolaire du christianisme, l'Outre-Eglise, dont les divergences théologiques sont telles que d'aucuns la considèrent comme une religion à part entière. Le cœur du christianisme reste l'Europe et l'Amérique Latine. 
Suivant un modèle assez semblable, l'islam adopte désormais une ligne de fracture assez nette entre l'islam terrestre, qu'il soit chiite ou sunnite, et l'islam interstellaire, bien que les divergences soient d'ordre spirituel et politique, plus que théologique. Les 750 millions de musulmans donnent à cette religion une influence importante sur la culture et l'organisation politique de l'espace humain.

L'hindouisme est parfois considéré comme la religion officielle des Unions Populaires, bien que l'islam y soit tout autant pratiqué, mais moins intégré dans le récit patriotique des origines de la superpuissance. Lui aussi a pu développer une variante interstellaire, l'hindouisme elorain, qui fait de Saraswati sa divinité principale et opère un syncrétisme complexe avec d'autres religions polythéistes comme monothéistes. En tout, les deux branches de l'hindouisme ont plus d'un milliard d'adeptes, en faisant ainsi la religion humaine la plus répandue. 

Le bouddhisme reste relativement confiné à la Terre, bien qu'il existe des enclaves extrasolaires, et que ses temples soient de plus en plus influencés par l'esthétique des communautés interstellaires. 350 millions de terriens se revendiquent comme bouddhistes.

On distingue parfois une sixième religion majeure sous le nom très artificiel d'animisme, qui recouvre en réalité une myriade de religions nées du Bas-Âge, qui vont du polythéisme radical de certaines religions africaines aux formes civiques de culte des ancêtres pratiquées dans les Enclaves Iréniennes. 400 millions d'êtres pensants s'auto-assignent cette catégorie dans les recensements, dont une grande quantité d'intelligences artificielles. Le terme recouvre également des formes diverses de chamanisme et de cultes des étoiles. 

Enfin, environ 200 millions d'humains appartiennent à des religions mineures comme le Judaïsme, le Sikhisme ou la religion Yézidi. 

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