Les offices des Unions Populaires
Les offices des Unions Populaires sont les ministères du vaste état socialiste-fédéral ; ils sont employés pour permettre l'intégration verticale des communes locales, en prenant à leur compte la responsabilité politique de projets et programmes déployés à l'échelle continentale, voire mondiale. Ils sont administrés par les républiques des Unions Populaires à travers son parlement.
LA COUR BLEUE

Je sautais au bas du Coléoptère, tentant d'ignorer les senteurs de biocarburants, groseilles mutantes, sel ancien et arbres pourris que le vent transportait dans la direction du tarmac, au-dessus des marais ravagés qui, en un temps ancien, avaient été le rivage oriental des Etats-Unis d'Amérique. Une métropole ruinée reposait à quelques kilomètres au nord. Je pouvais distinguer les sommets des rares immeubles qui ne s'étaient pas écroulés et, plus loin, les silhouettes rouillées de porte-conteneurs échoués. Personne n'était revenu ici depuis la fin de l'âge industriel. Très bien, pensai-je. Voici donc le matériau avec lequel il me faut travailler.
La Cour Bleue est l'Office des Unions dédié à la reconstruction des « zones perdues » de la Terre, les plus endommagées par le Bas-Âge, ainsi qu'à la préservation des écosystèmes survivants, dans une optique de très long terme. Dans les régions épargnées, la Cour Bleue endosse un rôle de conseil et de soutien logistique à direction des services environnementaux des communes locales, une position qui devient plus directe dans les régions compromises, où les Unions sont souvent le dernier rempart face aux cascades d'effondrement écosystémiques, aux queues de comète des désastres industriels et aux systèmes d'armes automatisés laissés par les âges précédents. Ces zones sont de facto administrées par la Cour Bleue, avec des aménagements dédiés à intégrer les connaissances locales, ce qui se fait parfois au prix d'une forme de colonialisme environnemental, du moins d'après ses détracteurs. La Cour Bleue représente légalement les rivières, lacs, montagnes, forêts et autres entités naturelles auxquelles les Unions accordent des droits judiciaires.
L'OFFICE DE L'INFRASTRUCTURE

Eglantine éteignit sa lampe-torche puis la ralluma. « Bonne nouvelle ! dit-elle à son drone. Nous avons encore de la lumière. » Le drone pépia deux fois avant de balayer la boue qui recouvrait sa coque. Les égouts de Paris étaient vieux et dangereux ; ils avaient englouti bien des pillards et archéologues improvisés. « La mauvaise nouvelle, c'est que nous allons devoir creuser plus profondément. Parce que ça...» Elle désigna la plaque d'acier portant le symbole de l'Office de l'Infrastructure. « C'est pas assez ancien. »
L'Office de l'Infrastructure a pris la suite directe de la Chambre des Travaux Populaires, issue directement du passé marxiste des Unions Populaires. Il s'agit du plus ancien et du plus puissant des Offices, et le seul à être directement financé par l'impôt. Avec plus de vingt millions de fonctionnaires, il pourrait s'agir de la plus grande institution civile de l'histoire humaine. L'O-Inf, tel qu'on l'appelle parfois, est consacré à l'aménagement du territoire au sens large, à la production d'énergie, à l'industrie lourde et au maintien des infrastructures de génie civil. Sa principale tâche est de fournir aux communes et républiques membres des Unions un cadre infrastructurel, financier et technique, ainsi que de la main-d'oeuvre qualifiée, aux projets d'échelle régionale à continentale. En échange de ce soutien, l'O-Inf endosse une partie de la propriété légale et économique des opérations auxquelles il est associé. Certains des projets les plus ambitieux des Unions, comme l'ascenseur spatial Kényan, sont entièrement conçus, exécutés et suivis par l'O-Inf.
LE VIEUX PUITS

Jamais compris d'où venait ce nom. Quel est le lien entre la connaissance, l'éducation et un objet aussi banal qu'un puits ? Je ne sais pas. Un puits, ça permet de faire pousser des plantes, comme l'éducation nourrit l'homme et...non, c'est ridicule. J'abandonne.
Le Vieux Puits est né de la réunion de deux Offices -- l'Office de l'Education Publique et l'Office de la Recherche Populaire -- quand les Unions ont déterré le concept antique des universités intégrées. Les Unions garantissent dans leur constitution la gratuité de l'éducation primaire et secondaire, sans aucune condition ; quand les républiques membres n'ont pas la capacité ou les ressources pour assurer le respect de ce principe, le Vieux Puits intervient par l'établissement d'Universités Populaires, des établissements d'éducation et de recherche administrés directement par les Unions. Dans les régions les plus anciennes des Unions, comme le Kerala, le Vieux Puits est directement intégré aux système éducatif national. L'arrivée des Universités Populaires n'est pas toujours bienvenue ; la manière dont le Vieux Puits s'est inséré, parfois de force, dans le système éducatif des communes les plus pauvres est souvent décriée comme une forme de colonialisme intellectuel, bien que l'institution n'ait aucune homogénéité culturelle.
LA MAIN OUVERTE

« Hé, beauté ! Tu veux aller au paradis ? Je te donne ce que tu veux. De doux rêves, de grands rêves, pas de rêves du tout. Tu veux du lichen doré de Vyiranga ? J'en ai ! Qualité supérieure ! »
-- Pas intéressée, merci.
-- Pas intéressée par mon lichen doré ? Mais tu sors d'où ? »
Amarthya soupira, enleva son gant droit et présenta sa paume au trafiquant. La q-aug tressée sur sa peau se mit à vibrer pour former la marque complexe de la Main Ouverte.
« Je sors de Shangri-La, idiot. Maintenant, ouste, avant que je ne me souvienne des articles communaux concernant la contrebande de matériau biologique outre-terrestre.»
La Main Ouverte était autrefois connu sous le nom d'Office des Affaires Intérieures, qui émanait lui-même d'une organisation paramilitaire défendant les routes commerciales des nomades d'Asie Centrale, nommée...Main Ouverte. Une telle résurgence sémantique est rare dans les Unions, qui n'aiment pas s'appesantir sur leur passé post-apocalyptique, mais la Main Ouverte n'est pas un Office comme les autres. De part la diversité de leurs constituants, les Unions n'ont jamais jugé bon d'imposer une structure judiciaire et policière universelle ; la Main Ouverte représente l'exception à cette règle. Ses agents agissent à la manière d'envoyés stellaires dont le terrain est restreint à la Terre. Iels représentent les Unions Populaires partout où les gardiens de la paix locaux ne peuvent ou ne veulent pas intervenir. Les agents de la Main Ouverte agissent rarement seuls, mais le plus souvent possible en lien direct avec la justice nationale ou régionale : ils ne représentent pas les « super-policiers » des Unions, mais plutôt une catégorie très spécifique d'agents de liaison.
L'OFFICE DU RIZ

Les champs ondulaient sous la brise. En un temps ancien, il y avait eu du maïs et du blé dans ces plaines, mais le réchauffement climatique avait peu à peu chassé les céréales européennes traditionnelles vers le nord, tandis que le maïs avait été purement et simplement banni du continent à cause de son appétit malvenu pour l'eau estivale. A la place s'étalaient des kilomètres et des kilomètres de sorgho, sous le regard attentif des dirigeables des Unions Populaires.
L'Office du Riz, autrefois connu sous le nom d'Office Agricole Populaire, est nommé d'après la céréale qui nourrit la moitié de l'humanité, et notamment le coeur historique des Unions en Inde et en Chine de l'Ouest. Sans surprise, cette massive institution est dédiée à la production agricole, sa mission étant de garantir la quantité et la qualité de la nourriture de trois milliards d'êtres humains. Le rôle de cet Office est bien plus direct que celui de l'O-Inf, car il ne se contente pas de coordonner des projets locaux, mais pratique également un contrôle économique strict sur le marché agricole, notamment sur celui des céréales. Poussé par une volonté centralisatrice, aiguillonné par le souvenir des familles du Bas-Âge, l'Office du Riz est également la plus grande compagnie logistique de l'histoire terrestre, ainsi qu'une autorité reconnue en ingénierie génétique et diététique appliquée aux sociétés.
LE CONSEIL D'OUTRE-TERRE

L'hélicoptère ralentit en entrant dans l'espace aérien de la mégalopole, ses fines pales découpant l'air tiède qui venait de l'arrière-pays. Au-dessus se trouvait une fine aiguille qui traversait le ciel et le reliait au sommet du mont Kingangop, ancrant la surface de la Terre à un contre-poids situé trente-six mille kilomètres plus haut.
« Bienvenue à Nairobi ! » dit le pilote.
Le Conseil d'Outre-Terre a commencé son existence sous le nom de Conclave d'Outre-Espace, une simple entité régulatrice pré-Unions dédiée à la régulation de l'activité spatiale en Afrique de l'Est, le coeur du second âge spatial. Sous la direction des Unions, le Conclave a été réorganisé pour intégrer les rangs des Offices, où il coordonne l'infrastructure spatiale lourde (à l'instar de l'ascenseur spatial des Unions à Nairobi) et subventionne les coopératives spatiales, permettant ainsi aux communes les plus pauvres d'accéder à l'espace de manière indépendante. Comme la plupart des ressources du Conseil d'Outre-Terre provient des taxes levées sur les activités spatiales, qui sont majoritairement le fait des puissantes coopératives minières et de transport, il joue un rôle de redistribution économique qui permet aux profits spatiaux de ruisseler jusqu'aux plus petites entités des Unions.
L'OFFICE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Donnez-nous les pauvres, les malades et les affamés, et nous en ferons les citoyens du nouveau monde.
-- Déclaration fondatrice des Unions Populaires.
L'Office de la Santé Publique, abrégé en OSP, est l'équivalent médical du Vieux Puits, dont la mission principale est d'assurer l'accès gratuit aux soins sur tout le territoire des Unions. Financé par une taxe universelle, l'OSP ne s'occupe pas seulement des questions purement médicales, mais approche la santé de manière holistique. Ses financements et son personnel se retrouve ainsi à tous les échelons de la société et de l'économie, des dispensaires au coin de la rue jusqu'aux projets universitaires d'étude des aquifères pollués. Remarquablement trandisciplinaire, l'OSP a tendance à absorber et réorganiser les institutions plus petites passées sous son aile. Bien que tous les Offices soient qualifiés pour intervenir en situation d'urgence, l'OSP incarne aux yeux des citoyens eurasiens et africains la réponse humanitaire des Unions de part sa réactivité et l'importance des moyens qu'il peut déployer en quelques heures n'importe où sur le globe.
LA HAUTE-FLOTTE

Elisabeth me donna l'un de ses gentils sourires, puis retourna sa cacher derrière sa tasse de thé et sa tenue de commandante.
« Soyez bien consciente d'une chose, dit-elle en regardant le croissant bleu de l'aube au-dessus du Pacifique. On peut écrire beaucoup de poèmes sur la beauté de la Terre vue de l'espace, mais les cinq milliards d'êtres humains de cette vieille planète se souviennent, eux, d'une réalité bien plus simple : mes missiles peuvent les toucher et la réciproque n'est pas vraie. »
Il y a une certaine ironie dans le fait que la seule véritable armée des Unions a été fondée au-delà de la ligne de Karman, et encore, car la Haute-Flotte est plus proche d'une alliance militaire de républiques membres que d'une armée nationale. Chacune des républiques socialistes fournit un contingent de soldats et de vaisseaux à la Haute-Flotte, qui les rassemble sous un commandement unifié. Symbolisée par un aigle des steppes, l'armoirie des nomades du Bas-Âge, la Haute-Flotte peut parfois apparaître comme inutile, car l'intégralité des intérêts stratégiques des Unions se trouve sur Terre, et le système solaire n'a pas connu la guerre depuis deux siècles -- et pourtant, les Unions maintiennent plus de cinq cents vaisseaux de combat en ligne, ce qui en fait la plus puissante astronavale humaine et la troisième plus grande armée terrienne. Peut-être les Unions y voient-elles une assurance-vie, qui leur donne la capacité de frapper n'importe quelle cible terrestre en moins d'une demi-heure.
Ou, peut-être, à l'instar d'Algorab, la Haute-Flotte sait-elle ce qui se cache réellement entre les étoiles.
Illustrations : production personnelle.
Les envoyés stellaires

Bien que le système communal fasse consensus dans l'espace humain, ce dernier ne possède aucune unité légale ou administrative. Bien que les régions sous le contrôle d'une superpuissance, à l'instar de la Travée, possèdent des administrations centralisées, la galaxie humaine en général est en proie à une anarchie des normes et des coutumes. Le consensus politique moderne ne concerne que le type de gouvernement idéal, non la manière dont ce dernier doit être déployé. Les divergences peuvent parfois être fondamentales ; ainsi, la définition même de la propriété privée n'est pas la même dans la Travée, dans la Bulle Smyrnienne ou dans l'Espace Commun.
Dans un monde où le translateur permet aux personnes, aux marchandises et à l'information de voyager rapidement entre les enclaves humaines du bras d'Orion et au-delà, cette absence d'unité administrative représente un épineux obstacle à l'harmonie et à l'égalité des échanges entre les entités politiques. Une diplomate qui serait dotée d'une protection légale dans l'Espace Commun pourrait voir son statut devenir illégitime sur une planète de la Travée ; un criminel recherché sur Mundis peut tout à fait trouver asile sur Terre ; un cargo transportant des marchandises smyrniennes pourrait se trouver autorisé à commercer sur Mars et arraisonné sur Elora, et ainsi de suite.
Deux coutumes panhumaines existent pour tenter de permettre des échanges plus harmonieux, même en cas de conflit : les Guerres Fleuries et le recours aux envoyés stellaires.
Un envoyé stellaire est un individu qui possède une ou plusieurs licences données au titre des accords de Samarre, une série de dispositions légales que la quasi-totalité des entités politiques humaines respectent, sous peine d'exclusion sociale de la communauté interstellaire. Ces dispositions permettent aux envoyés stellaires de mener des missions diplomatiques, commerciales voire militaires tout en bénéficiant d'une protection légale valable sur, en théorie, n'importe quel monde humain.
En général, un envoyé stellaire est un fonctionnaire de la commune qui l'emploie, bien qu'un très petit nombre opère en tant que contractuels. La richesse individuelle est très rarement une motivation pour ces individus hautement qualifiés, qui ont des raisons bien plus personnelles de mettre en danger leur intégrité physique et morale pour servir leur commune. Les envoyés stellaires sont souvent recrutés parmi les idéologues convaincus, les aventuriers invétérés...ou, parfois, les criminels qui cherchent l'absolution dans les étoiles. Certains envoyés stellaires voyagent à la tête d'une véritable ambassade officielle ou d'une flottille armée, tandis que d'autres préfèrent l'anonymat le plus complet.
Il existe quatre licences reconnues par les accords de Samarre, correspondant à des missions bien distinctes.
1 - Licence Universelle
La Licence Universelle définit l'envoyé stellaire en tant que citoyen. Elle établit les dispositions légales de son statut et les termes de son contrat. Si un envoyé stellaire possède un vaisseau (ou toute autre propriété personnelle nécessaire à l'accomplissement de sa mission), la Licence Universelle garantit son inaliénabilité, même dans les régimes légaux qui ne reconnaissent pas la propriété individuelle. Cette Licence est acceptée dans l'intégralité de l'espace humain.
2 - Licence Légataire
La deuxième licence la plus commune permet à un envoyé stellaire de représenter officiellement leur entité politique dans toute négociation diplomatique, officielle ou non, et de servir d'intermédiaire ou d'officier de liaison. Contrairement à un diplomate lambda, dont les prérogatives sont fluctuantes selon la région qu'iel traverse, un envoyé stellaire en possession de cette licence ne peut se voir refuser le passage en aucune circonstance, et toute menace ou attaque à son égard peut fournir un prétexte à une Guerre Fleurie. La Licence Légataire est universellement acceptée.
3 - Licence Mercantile
Une Licence Mercantile permet à un envoyé stellaire d'acheter, de vendre et de transporter des biens rares pour le compte de son employeur. Un bien rare est défini par la licence comme un terme générique, qui recouvre artefacts non-humains, espèces autochtones, technologies restreintes et autres oeuvres d'art, qui sont interdites au commerce dans la plupart des juridictions. Un envoyé stellaire de possède jamais les biens qu'iel transporte, ces derniers restant sous la propriété de son employeur. La Licence Mercantile n'est pas acceptée par tous les mondes : Mundis en particulier est connue pour traiter ses dépositaires comme de vulgaires contrebandiers, malgré son adhésion aux accords de Samarre.
4 - Licence de Représailles
Quand une guerre fleurie s'avère insuffisante pour solder une dispute inter-communes, les parties lésées peuvent, d'un commun accord, employer des envoyés stellaire pour mener des actions violentes et limitées devant jouer un rôle de catharsis pour éviter une guerre ouverte. Ces actions se placent sous la protection d'une Licence de Représailles. Cette dernière permet de considérer l'envoyé stellaire comme un soldat et non un criminel de droit commun dans l'exécution de ses missions de sabotage ou d'espionnage ; en cas d'arrestation, iel est alors jugé comme un prisonnier de guerre, ce qui garantit généralement sa libération dans les plus brefs délais. Très controversée, cette licence n'est guère reconnue que dans la Bulle Smyrnienne.
Illustration par Lie Setiawan pour Eclipse Phase, diffusée par Posthuman Studios sous les termes suivants : Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 3.0 Unported License.
Un monde communal
Le mode d'organisation politique, social et économique de l'âge interstellaire est communal et coopératif. Trois éléments distincts constituent le paysage politique de l'espace humain : les communes, les coopératives et les Qiths.
1 - Les communes
Dans leur définition la plus large, les communes sont des structures socio-politiques fondées sur des principes communs. Certaines communes sont des puissances régionales voire interplanétaires, à l'instar des Communes Sélénites, tandis que la majorité ne dépassent pas les frontières de leur station spatiale ou de leur village. Les communes sont les enfants du Bas-Âge et de sa redéfinition radicale du système économique et politique de l'âge industriel. S'il existe presque autant de lois communales que de communes, toutes obéissent à un ensemble de principes qui forment un consensus extrêmement solide dans la société humaine du XXVIe siècle.
- Égalitarisme : une commune se doit d'être la plus égalitaire possible, et cette égalité commence avec la richesse individuelle de ses membres. Dans l'espace humain, la notion de propriété est traditionnellement séparée entre la propriété individuelle (recouvrant toutes les possessions non productives), qui n'est pas restreinte, et la propriété privée, qui ne peut être exercée que par les communes. Cette restriction est le fondement de l'égalité économique communale. A partir de cette base universelle, chaque commune est libre d'exercer des degrés divers de lissage des revenus et du patrimoine, selon son orientation politique, qui peut aller de la quasi-uniformité dans les Unions Populaires à la diversité économique des qiths Elorains. Quoi qu'il en soit, les communes représentent une société post-classe.
- Prise en commun des décisions : les communes tendent toujours à prendre des décisions par consensus ; toutefois, beaucoup ont atteint une taille où le consensus devient un modèle politique impossible à appliquer de manière concrète, et l'ont remplacé par des systèmes politiques représentatifs qui, dans certains cas, ne sont pas sans rappeler ceux des démocraties de l'âge industriel.
- Culture commune : bien que toutes les communes n'aient pas été assemblées pour des raisons politiques, toutes celles qui ont subsisté jusqu'à aujourd'hui l'ont fait en développant un socle idéologique partagé qui forme le ciment liant entre eux les membres de la commune. Ces principes sont très divers : ils vont de programmes socio-politiques très détaillés à des principes beaucoup plus larges, parfois même des croyances religieuses ou spirituelles.
2 - Les coopératives
Au début de l'âge interstellaire, toutes les communes étaient également des coopératives, définies comme des organisations économiques possédées et administrées par les travailleurs. Ce paradigme a évolué avec la généralisation du système communal, qui a mené la plupart des communes à devenir des entités de gouvernement général, et non plus des associations locales ; pour simplifier leur administration tout en maintenant un large degré d'autonomie locale, beaucoup de communes, notamment les plus grandes, ont alors autonomisé leurs activités économiques à travers la constitution de coopératives semi-indépendantes, séparées par secteur d'activité. Ces coopératives sont devenues les éléments de base des économies interstellaires, supplantant largement les entreprises hiérarchisées, à l'exception de certains domaines où s'exerce directement le contrôle des superpuissances terrestres, comme l'armement de pointe. Dans le système solaire, où les communes tendent à devenir des structures à large échelle qui échappent à leurs fondateurs, les coopératives jouent un rôle crucial dans le maintien d'une démocratie locale.
3 - Les qiths
Le terme de qith est un néologisme à l'origine incertaine, inventé par les premiers habitants humains d'Elora et désignant les institutions démocratiques qui forment la colonne vertébrale de l'Écoumène Elorain. Les qiths ne sont ni des nations, ni des états, car leur identité n'est pas exprimée en termes de territoire mais de domaines d'activité économique ; on ne peut les considérer comme des castes non plus, dans la mesure où leur appartenance est libre et leur administration démocratique. Dotés d'une très forte identité culturelle, les qiths peuvent ainsi être considérés comme des sociétés miniatures, définies par une économie, une organisation humaine, une orientation politique et parfois même religieuse, qui collaborent pour former la civilisation d'Elora. Les principaux qiths sont le qith Saïmour (manufacture, industrie lourde et orbitale), le qith Masani (agriculture, aménagement du territoire), le qith Sahaq (armée, industrie militaire), le qith Hoyle (activités spatiales et maritimes), le qith Al-Aqsa (gestion de l'environnement) et le qith Miramar (administration générale, finance).
Illustration : Steven Sanders, Symbiosis Creative Commons Artbook, utilisé sous licence Creative Commons Attribution Non-Commercial Share-alike 3.0